lundi 29 septembre 2008

Hummmmmm

De toutes les jouissances possibles et imaginables dans notre vaste monde, celle qui remporte la palme de l'étourdissement des sens est sans aucun doute la suave dégustation d'un morceau de chocolat. Je suis en effet de celles qui fondent devant un tel festin...

Déjà , le plaisir commence par l'oeil, dès qu'il se pose sur ce petit cadeau, pour se ravir de la forme qui sera bientôt avalée. Est-ce une petite bouchée carrée dont les coins s'applaniront, adoucis par les caresses de la langue? À moins que ce ne soit une délicate bille qui se logera, précieuse, au centre de la bouche pour être tournée et sucée de tous les côtés. Ou encore, une pièce moulée, comme un fier coq qui laissera, ici une patte, là une aile, perdant son âpre lutte contre la gourmandise. À cette joie purement géométrique, ajoutons celle de la couleur, de la nuance et du ton de la friandise. Qu'elle est la teinte de cette chair délicieuse: blanc crème onctueux ou riche colori brun? Noir mordoré du pur chocolat ou merveilleuses volutes du marbré? L'oeil expérimenté glissant sur la douceur offerte sait se délecter, lui aussi, de la suite...

Puis, à l'approche de la bouche, s'ajoute le plaisir du nez, celui qui, préambule à la jouissance, fait saliver d'anticipation. Cette odeur inimitable de la fève de cacao baignant de sucre... C'est là, en un seul instant, que toutes nos pensées qui s'agitent se tournent en un seul point, un seul repère: l'arôme enivrant du péché à venir, celui de la gourmandise. En lui seul, ce parfum possède le pouvoir d'enjôler, de séduire, de captiver, sans espoir pour celle qui s'est laissée harponner.

Enfin, la grâce ultime, l'instant orgasmique, l'éblouissement sensuel: le passage à l'acte. Ainsi, cette gaterie offre aux papilles le summum du ravissement lorsqu'elle s'étend sur la langue et se répand dans la gorge en une vague crémeuse et sublime. C'est à cet instant, celui durant lequel la bouche est envahie par l'onde chocolatée, que le corps devient esclave du plaisir. Tout cesse; il ne reste que ce délice pur... À qui sait faire durer le plaisir, la vague jubilatoire sera presque sans fin et laissera une sensation de ravissement à un corps apaisé.

Quel autre plaisir pourrait avoir cette intensité?

dimanche 28 septembre 2008

Lourde, très lourde, trop lourde...

Dès que mes yeux se sont ouverts, j'ai su que ce jour serait celui ou tout pèse. Tout d'abord ce corps, presque mort tant il est avachi dans le matelas, avalé par les draps et la pesante couette de mon couchage. Cette masse de chair que je dois extirper de ce lit qui absorbe le corps et dissout les pensées, tranformant la vie en d'irréels rêves.

Puis le poids des viscères pleines qui s'ajoutent à la gravité. Toutes ces circonvolutions de boyaux et de tubes qui tirent vers le bas, appelant à se vider de leurs fluides immondes qui additionnent leurs masses à la mienne déjà immense.

Chaque pas est une lutte, chaque geste, une triste victoire. Depuis ce matin, je me bats contre ces poumons qui exigent de se gonfler mais refusent de le faire sans souffrance. Je porte sur ma poitrine le poids du monde ce qui me laisse à peine la liberté d'inspirer...

Même ces mots sont lourds, très lourds, trop lourds. Même ces mots s'enfoncent dans ma tête et dans la vôtre, tant ils sont empâtés et indigestes...

Aujourd'hui, je suis une pierre qui rêve d'être un oiseau.

samedi 27 septembre 2008

Petits plaisirs

J'aime ces jours de pluie, qui nous permettent de cocooner sans vergogne, qui respectent le plaisir crasse et vicieux de ne rien faire, de flâner entre le lit et le divan, de flamber ce temps habituellement si précieux.

Aujourd'hui, c'est la journée des petits plaisirs. Un petit déjeûner au Café du Monde, face au fleuve qui, gentil pâtre, laisse bondir ses moutons au sommet des vagues. Une douce bruine habille les bateaux d'un voilage mystérieux camouflant leurs formes tout en laissant s'exprimer leur grâce. Je savoure le plaisir chaud et sec d'un thé noir, dans cette verrière qui protège à peine de la grisaille de ce matin.

De retour à la maison, c'est la musique, douce et sucrée, qui enrobe la journée de sa délectable présence. Elle est ma compagne pour chaque seconde de ce long moment de paresse, elle comble chaque instant de sa douceur et de son charme délicat. Une musique choisie pour ses caresses zéphiriennes, pour la brise coquine que ses notes en farandole sèment dans ma tête. Cette cervelle qui est en jachère fleurie toute la journée, laissant reposer la terre de mes pensées; peut-être seront-elles plus vigoureuses et surtout plus souriantes à leur retour demain?

Une autre douceur pour ma farniente: un livre, lourd et gros, qui emplit les mains comme le crâne, par le poids des rêves qu'il porte en son sein. Ce volume me fait voyager, du fin fond de mon canapé, visiter d'autres lieux que ceux qui gardent mon corps, voir d'autres paysages que ce fleuve maussade devant moi, écouter d'autres oiseaux que ceux qui occupent ma vie, être le témoin indiscret de ces gens qui vivent entre les pages... Je plonge à ma guise dans cet océan inconnu, cet univers merveilleux, j'y vis de précieux moments volés à cette journée qui porte à pécher.

Puis un long bain m'enveloppe dans sa bulle soyeuse, sensuelle, voluptueuse. Mon corps de femme se repaît du plaisir moelleux de l'abandon, celui de la peau qui jouit de la cajolerie de l'onde... Que je trouve un amant qui me fasse frémir ainsi et je serai son esclave! En attendant, je déguste le frisson de ma chair, au diable la morale... Et de l'enfer, je ramène la flamme d'une chandelle, pour le plaisir de la humer, de me délecter de l'odeur de l'eau mêlée à celle du feu.

Enfin, ce dernier petit plaisir, plus innoncent et plus pur, celui de vivre tout simplement. Savoir reconnaître et saisir la seconde fugace d'un instant de bonheur est un art, une poésie. Cesser la course à la vie et regarder se tisser, un court moment, la fragile dentelle des hésitations et des hasards qui occupent notre quotidien. De cette valse intemporelle, garder la mémoire de la robe qui gondole dans le bas, de la main ferme du cavalier sur la taille délicate de sa partenaire, de la peau soyeuse et tendre du dos de celle-ci. Que des aperçus, qui prennent tout l'espace et qui donnent, en toute fin, le vrai sens de ces pas réglés si bien...

vendredi 26 septembre 2008

Plusieurs années plus tard...

Petit matin gris, au soleil fragile et discret, qui se lève derrière le brouillard comme une jeune mariée timide qui tire les draps de coton espérant cacher sa nudité.

Petit matin qui s'éveille, tout comme moi, enchantés que nous sommes d'entendre la voix suave de Carla Bruni.

Petit matin qui me quitte et laisse la place à un jour terne et fade, grisâtre. Un peu comme moi, qui navigue depuis quelques jours sur la mer triste des souvenirs... Ceux qui nous remuent, ceux qui nous fouaillent les trippes et nous traversent le coeur, ceux qui nous laissent exsangue, sans vie. Malheureusement, celle-là ne me quitte pas; elle s'accroche, se démène et s'attache au corps et à l'âme. Elle fait battre ce coeur qui ne ressent plus rien, elle s'acharne à le faire pulser, comme si elle savait quelque chose que j'ignore.

Moi qui aime la vie, j'en suis à me demander si elle, elle m'aime. Une chose est sûre, lui ne m'aime plus.

Vous l'avez deviné, je suis en peine d'amour...

Depuis maintenant 4 mois, qui n'en finissent plus, qui s'étirent et s'étendent sans gêne, je survis. Je laisse passer le temps, puisqu'on le dit médecin: le temps guérit, semble-t-il. L'amour est dur et magnifique, cruel mais généreux, tellement brûlant qu'il glace à la fin. Je me jure d'aimer encore, aussi fort, aussi loin, aussi intensément. Mais plus tard, un autre jour, une autre fois, une autre vie...

En attendant, je vous écris.