mardi 23 décembre 2008

Les gestes de l'amour

L'amour est un hymne à la vie, une danse sacrée. Et comme pour tous les rites secrets de l'existence, il a son propre code, son vocabulaire unique, sa gestuelle intime: ce que j'appelle, délicieusement, la langue de l'amour.

C'est un langage complexe, de plusieurs niveaux, mais qui débute par de simples expressions: un regard en coin, un sourire esquivé, une joue qui se tend... Ensuite, s'ajoutent quelques détails qui ponctuent le texte et y donnent une nouvelle sensualité. On voit apparaître le point d'exclamation dans le sourcil levé sur l'oeil coquin, le point d'interrogation dans les mains qui se frôlent et qui cherchent l'émoi sur la peau, les points de suspension suivant le geste esquissé par cette lanque caressant la lèvre...

Lorsque ces premiers signes ont tissés la trame de l'histoire amoureuse et que les strophes ouvrant cette complexe épopée sont inscrites, c'est la passion qui enchaîne et qui permet aux artistes de créer leurs arabesques, toutes en dentelles de mouvements entrelacés, une main, une bouche, un baiser, une caresse... C'est à ce moment que cessent toutes les règles de la sémantique pour laisser les conteurs à leur exaltation.

J'aime ces gestes aimants et fébriles qui traduisent tour à tour, la passion puis l'amour, ensuite la tendresse... La main qui caresse la nuque endormie, les doigts qui jouent sur les lèvres entrouvertes, le pied taquin qui réveille la jambe, le genou qui se lève doucement pour rejoindre la cuisse, le ventre de l'un qui se coule contre le dos de l'autre, les bras qui se nouent autour de l'être aimé...

Les gestes de l'amour sont à mon avis le plus beau des langages et, surtout, le seul qui ne permette pas le mensonge...

lundi 10 novembre 2008

Les péchés solitaires

Il existe dans ce vaste monde, certains plaisirs inavouables, qui ne sont accessibles que pour ceux qui cultivent le bonheur de la solitude. Depuis quelques semaines, à l'inverse de la nature qui s'endort et se meurt, je renais doucement et je m'adonne maintenant avec une joie crasse à l'enchantement de la liberté. Laissez-moi vous expliquer...

La première satisfaction du célibataire, celle qui surprend alors que nous baignons encore dans les abîmes de la souffrance, c'est de se retrouver seul dans son lit. J'avoue humblement que de devenir à nouveau seule Reine et Maîtresse de la nef qui navigue sur l'océan de mes rêves m'a remplie d'allégresse. Tout d'abord, pourvoir étirer mes longues jambes, l'une à tribord, l'autre à babord, tout en m'appropriant, sans coup férir, les deux oreillers qui barrent la tête du lit. Puis, m'assurer de couvrir chaque parcelle de ma personne de mes draps frais, me border de la tête aux pieds, sachant qu'aucune mutinerie de l'équipage ne me vaudra de me réveiller nue et frissonnante. Ensuite, le silence appaisant qui baigne le repos de la guerrière: rien, pas un son, pas un bruit, et surtout, pas un ronflement! Aaaaaahhh...

Le second instant de grâce, se répète inlassablement, jour après jour: celui de pouvoir sélectionner parmi les inombrables désirs de notre estomac, celui que nous choisirons d'honorer au prochain repas. Simplement, sans questionnement, sans négociation, sans inquiétude. Un ragoût? Un sandwich? Une petite salade? Une soupe? Un rien-du-tout-en-chocolat? Ne plus être la besogneuse fille de cuisine et devenir cheffe, maîtresse cordon bleu, artiste de la bouche! Se libérer de l'esclavage constant du trio viande-riz-légumes pour atteindre les stratosphères des potages surprenants, des verdurettes éclatées et des tofus mystérieux. Basta le régime sucré-sans-sucre-et-surtout-pas-de-"P" d'une moitié qui n'est pas douce du tout et bienvenue aux quiches et aux tartes aux tomates. De lourdes corvées répétitives, les repas deviennent un instant de grâce, léger et serein...

Enfin, un troisième ravissement: celui de pouvoir choisir à tout instant ou mènera le prochain moment. Un petit matin de week-end: mes yeux s'ouvrent au soleil qui s'étend paresseusement sur mon lit et me couvre de sa lumière. Que fais-je? Je ronronne encore quelques minutes ou je saute sur mes pieds pour les suivre dans les sentiers? Encore une fois, un seul être à combler, à satisfaire, à respecter: moi! La visite éclair à la bibliothèque se transforme en journée de lecture? Tant mieux! La longue liste de commissions est mystérieusement réduite à l'essentiel, c'est excellent! Un ami impromptu s'annonce dans trois minutes, pour un bonjour rigolo et un instant de joie à partager: merveilleux! Toutes ces décisions qui étaient si compliquées, si pleines de conséquences, retrouvent enfin leur caractère joyeux et léger, celui du bonheur simple d'être célibataire!!!

Aujourd'hui, je suis heureuse d'être seule.

mercredi 15 octobre 2008

Bonheur impromtu

Il y a des jours comme aujourd'hui, qui nous surprennent par leur douceur. Ce matin, je goûte le plaisir ineffable d'être en vie et de savoir aimer...

C'est au détour d'une conversation imprévue, que j'ai saisi cet instant merveilleux qui germait et s'étirait pour grandir en moi et y prendre toute la place. Vous savez, ces moments précieux durant lesquelles deux âmes se voient, se reconnaissent puis fraternisent par l'échange de leurs histoires. C'est là, à la seconde même ou mon esprit à cédé la place à mon coeur, que j'ai pu toucher, de l'extrémité de mon être, le caractère immortel et divin de l'Homme.

Toutes les expériences de vie sont différentes et aucune ne peut se targuer d'être meilleure ou pire que ses soeurs. Comme mille forgerons, elles ont su modeler notre être, notre âme, notre coeur, laissant ici, une trace profonde, là, une blessure à peine refermée. Elles nous ont, tour à tour, fait brûler dans le feu de nos passions, martelés à grand coup de leçons, glacés dans l'eau froide de nos échecs. Puis encore et encore, il a fallut reprendre cette ronde insensée: la cuisante brûlure, les coups répétés, le froid déchirant...

C'est au prix de tant de travail et d'acharnement que l'artisan fait naître son oeuvre. C'est par ce baptême magique que le minerai brut se transforme en pièce d'art. C'est le miracle de la vie: après la naissance du corps, celle du coeur et de l'âme. Mais l'artiste vrai connaît aussi la valeur de ce qu'il fait.

Il sait qu'il ne porte pas la responsabilité de la réussite ou de l'échec de son travail. Parlez au sculpteur, il vous dira qu'il n'a fait que libérer la forme, l'aigle ou le cheval, qui dormait au coeur de la bûche. Parlez au peintre, il vous expliquera que l'image était sur la toile, attendant qu'on la couvre de couleurs. Parlez au forgeron, il vous dira qu'il n'existe pas de mauvais fer, seulement de mauvaises façons de l'utiliser.

Aujourd'hui, j'ai décidé que je pourrais à nouveau naître au soleil, ecore une fois, toujours plus belle, toujours plus vraie. Aujourd'hui, j'ai compris que je n'avais qu'à me laisser découvrir, qu'à être ce que je suis, mais libérée de ces couches mortes qui me cachent et me camouflent. Aujourd'hui, je suis une oeuvre d'art.

mardi 7 octobre 2008

À toi, mon ami...

Les mots sont bien pâles pour décrire le soleil et bien lourds pour expliquer le vent, comment pourraient-ils parler de toi, mon ami adoré?

Dans ma vie de femme qui regorge d'aventures, dans ces hauts et ces bas qui me bousculent sans cesse, dans ces remous hormonaux qui distillent mon bon sens, je goûte l'ineffable bonheur de toujours te retrouver. Depuis plusieurs années, c'est ce plaisir constamment renouvellé de nos rencontres que j'ai précieusement savouré, chaque moment comme un inestimable trésor. Il faut se faire pirate pour en comprendre toute la portée...

Sur la mer de la destinée, celle-là même qui me berce de ses eaux calmes ou me submerge par sa furie, tu m'accompagnes inlassablement, de loin ou de près. Lorsque je suis seule capitaine sur mon navire, je te sais quelque part, faisant face toi aussi, à tes démons et tes tourments, avec toute ta force et ta beauté. Et dans le plus noir instant, en plein coeur de la tempête, je sais que nous nous retrouverons, à la prochaine accalmie, dans un port accueillant sur l'île sacrée de notre amitié.

Je t'aime mon ami, toi qui es tour à tour ma bouée de sauvetage, mon albatros voyageur, mon surfeur rigolard, mon phare rassurant, ma sirène ensorcellée, ma mouette rieuse, mon poséidon furieux! Je ne sais comment tu as su déchiffrer la carte qui mène à mon coeur ni comment tu as fait pour y amarrer ton navire malgré tous les récifs qui en bordent le contour.

Lorsque le vent du large se lève et porte à mon oreille le message de ta joie ou de ta souffrance, je sais qu'il te mènera à moi puisque notre amitié se rappelle invariablement à nous. Tous ces souvenirs, tous ces moments, toutes ces joies et ces peines partagés parsèment le lagon de ma mémoire comme un tapis de corail précieux. Les mille poissons qui l'occupent sont les promesses de nos rêves à venir et des sourires qui nous restent encore à échanger.

Si les dieux de l'océan sont généreux à notre égard, ils nous permettront de découvrir encore d'autres continents de ce monde fabuleux que nous partageons. Et, entre ces cent mille péripéties, nous nous retrouverons encore, pour rire et fêter, jouer et festoyer, toujours dans ces quartiers réservés aux vieux loups de mer... C'est sur cet archipel consacré à nos réminescences que nous nous remémorerons, le sourire aux lèvres et le coeur à la rigolade, de notre piraterie, de nos coups pendables, de nos sauvetages in extremis. Nous lèverons nos verres à tous ces coeurs pris à l'abordage et à ceux que nous avons sabordé. Puis nous laisserons errer nos pensées dans les lieux dérobés qui abritent les richesses de nos vies de flibustier.

Je t'aime Patrick, mon ami de toujours. Puisses-tu longtemps naviguer dans mon univers d'eau et de tempêtes, de vents et de mystères!

jeudi 2 octobre 2008

Les femmes sont belles

Elles sont partout et partout elles apportent la beauté de l'amour. Les femmes sont à l'image de la terre, généreuse et féconde. Chaque jour, les femmes donnent la vie et la perpétuent. Chaque jour, les femmes travaillent pour le bien de ce monde, à travers l'amour de leurs enfants, l'amour de leur famille, l'amour de l'homme qu'elles cotoient. Chaque jour, les femmes aiment et protègent: elles sont soeurs, amoureuses, épouses, mères, amies, confidentes, amantes... quelques fois, tout à la fois.

Les femmes sont belles: dans ce regard tendre mais épuisé pour l'enfant malade, dans cette main appaisante posée sur le torse de l'époux en colère, dans cette étreinte fraternelle donnée à l'amie éprouvée par la vie, dans ce corps brûlant offert à l'amoureux épris.

Comment font-elles pour savoir être si présentes, si intenses, si entières? Comment font-elles pour donner autant d'elles-mêmes? Comment font-elles pour vivre dans un monde si brutal, si dur, si cruel? Comment font-elles pour perpétuer la vie, au prix de leur chair, de leur sang, de leur douleur, alors que les guerres, les violences et les cruautés effacent chaque jour ce don?

Les femmes sont merveilleuses. Elles portent le flambeau de la vie, depuis des générations, à travers elles-mêmes, puis à travers leurs filles et les filles de leurs filles.

Les femmes sont belles, toutes: mille visages féminins, tous marqués par la beauté de la vie, celle qui laisse des traces pour chaque sourire, chaque pleur, chaque crainte. Elles sont belles de cette vie et des sillages inscrits par l'expérience de l'amour, de la souffrance, de la tendresse, de la douleur, de la passion...

Aujourd'hui, je suis fière d'être une femme.

lundi 29 septembre 2008

Hummmmmm

De toutes les jouissances possibles et imaginables dans notre vaste monde, celle qui remporte la palme de l'étourdissement des sens est sans aucun doute la suave dégustation d'un morceau de chocolat. Je suis en effet de celles qui fondent devant un tel festin...

Déjà , le plaisir commence par l'oeil, dès qu'il se pose sur ce petit cadeau, pour se ravir de la forme qui sera bientôt avalée. Est-ce une petite bouchée carrée dont les coins s'applaniront, adoucis par les caresses de la langue? À moins que ce ne soit une délicate bille qui se logera, précieuse, au centre de la bouche pour être tournée et sucée de tous les côtés. Ou encore, une pièce moulée, comme un fier coq qui laissera, ici une patte, là une aile, perdant son âpre lutte contre la gourmandise. À cette joie purement géométrique, ajoutons celle de la couleur, de la nuance et du ton de la friandise. Qu'elle est la teinte de cette chair délicieuse: blanc crème onctueux ou riche colori brun? Noir mordoré du pur chocolat ou merveilleuses volutes du marbré? L'oeil expérimenté glissant sur la douceur offerte sait se délecter, lui aussi, de la suite...

Puis, à l'approche de la bouche, s'ajoute le plaisir du nez, celui qui, préambule à la jouissance, fait saliver d'anticipation. Cette odeur inimitable de la fève de cacao baignant de sucre... C'est là, en un seul instant, que toutes nos pensées qui s'agitent se tournent en un seul point, un seul repère: l'arôme enivrant du péché à venir, celui de la gourmandise. En lui seul, ce parfum possède le pouvoir d'enjôler, de séduire, de captiver, sans espoir pour celle qui s'est laissée harponner.

Enfin, la grâce ultime, l'instant orgasmique, l'éblouissement sensuel: le passage à l'acte. Ainsi, cette gaterie offre aux papilles le summum du ravissement lorsqu'elle s'étend sur la langue et se répand dans la gorge en une vague crémeuse et sublime. C'est à cet instant, celui durant lequel la bouche est envahie par l'onde chocolatée, que le corps devient esclave du plaisir. Tout cesse; il ne reste que ce délice pur... À qui sait faire durer le plaisir, la vague jubilatoire sera presque sans fin et laissera une sensation de ravissement à un corps apaisé.

Quel autre plaisir pourrait avoir cette intensité?

dimanche 28 septembre 2008

Lourde, très lourde, trop lourde...

Dès que mes yeux se sont ouverts, j'ai su que ce jour serait celui ou tout pèse. Tout d'abord ce corps, presque mort tant il est avachi dans le matelas, avalé par les draps et la pesante couette de mon couchage. Cette masse de chair que je dois extirper de ce lit qui absorbe le corps et dissout les pensées, tranformant la vie en d'irréels rêves.

Puis le poids des viscères pleines qui s'ajoutent à la gravité. Toutes ces circonvolutions de boyaux et de tubes qui tirent vers le bas, appelant à se vider de leurs fluides immondes qui additionnent leurs masses à la mienne déjà immense.

Chaque pas est une lutte, chaque geste, une triste victoire. Depuis ce matin, je me bats contre ces poumons qui exigent de se gonfler mais refusent de le faire sans souffrance. Je porte sur ma poitrine le poids du monde ce qui me laisse à peine la liberté d'inspirer...

Même ces mots sont lourds, très lourds, trop lourds. Même ces mots s'enfoncent dans ma tête et dans la vôtre, tant ils sont empâtés et indigestes...

Aujourd'hui, je suis une pierre qui rêve d'être un oiseau.

samedi 27 septembre 2008

Petits plaisirs

J'aime ces jours de pluie, qui nous permettent de cocooner sans vergogne, qui respectent le plaisir crasse et vicieux de ne rien faire, de flâner entre le lit et le divan, de flamber ce temps habituellement si précieux.

Aujourd'hui, c'est la journée des petits plaisirs. Un petit déjeûner au Café du Monde, face au fleuve qui, gentil pâtre, laisse bondir ses moutons au sommet des vagues. Une douce bruine habille les bateaux d'un voilage mystérieux camouflant leurs formes tout en laissant s'exprimer leur grâce. Je savoure le plaisir chaud et sec d'un thé noir, dans cette verrière qui protège à peine de la grisaille de ce matin.

De retour à la maison, c'est la musique, douce et sucrée, qui enrobe la journée de sa délectable présence. Elle est ma compagne pour chaque seconde de ce long moment de paresse, elle comble chaque instant de sa douceur et de son charme délicat. Une musique choisie pour ses caresses zéphiriennes, pour la brise coquine que ses notes en farandole sèment dans ma tête. Cette cervelle qui est en jachère fleurie toute la journée, laissant reposer la terre de mes pensées; peut-être seront-elles plus vigoureuses et surtout plus souriantes à leur retour demain?

Une autre douceur pour ma farniente: un livre, lourd et gros, qui emplit les mains comme le crâne, par le poids des rêves qu'il porte en son sein. Ce volume me fait voyager, du fin fond de mon canapé, visiter d'autres lieux que ceux qui gardent mon corps, voir d'autres paysages que ce fleuve maussade devant moi, écouter d'autres oiseaux que ceux qui occupent ma vie, être le témoin indiscret de ces gens qui vivent entre les pages... Je plonge à ma guise dans cet océan inconnu, cet univers merveilleux, j'y vis de précieux moments volés à cette journée qui porte à pécher.

Puis un long bain m'enveloppe dans sa bulle soyeuse, sensuelle, voluptueuse. Mon corps de femme se repaît du plaisir moelleux de l'abandon, celui de la peau qui jouit de la cajolerie de l'onde... Que je trouve un amant qui me fasse frémir ainsi et je serai son esclave! En attendant, je déguste le frisson de ma chair, au diable la morale... Et de l'enfer, je ramène la flamme d'une chandelle, pour le plaisir de la humer, de me délecter de l'odeur de l'eau mêlée à celle du feu.

Enfin, ce dernier petit plaisir, plus innoncent et plus pur, celui de vivre tout simplement. Savoir reconnaître et saisir la seconde fugace d'un instant de bonheur est un art, une poésie. Cesser la course à la vie et regarder se tisser, un court moment, la fragile dentelle des hésitations et des hasards qui occupent notre quotidien. De cette valse intemporelle, garder la mémoire de la robe qui gondole dans le bas, de la main ferme du cavalier sur la taille délicate de sa partenaire, de la peau soyeuse et tendre du dos de celle-ci. Que des aperçus, qui prennent tout l'espace et qui donnent, en toute fin, le vrai sens de ces pas réglés si bien...

vendredi 26 septembre 2008

Plusieurs années plus tard...

Petit matin gris, au soleil fragile et discret, qui se lève derrière le brouillard comme une jeune mariée timide qui tire les draps de coton espérant cacher sa nudité.

Petit matin qui s'éveille, tout comme moi, enchantés que nous sommes d'entendre la voix suave de Carla Bruni.

Petit matin qui me quitte et laisse la place à un jour terne et fade, grisâtre. Un peu comme moi, qui navigue depuis quelques jours sur la mer triste des souvenirs... Ceux qui nous remuent, ceux qui nous fouaillent les trippes et nous traversent le coeur, ceux qui nous laissent exsangue, sans vie. Malheureusement, celle-là ne me quitte pas; elle s'accroche, se démène et s'attache au corps et à l'âme. Elle fait battre ce coeur qui ne ressent plus rien, elle s'acharne à le faire pulser, comme si elle savait quelque chose que j'ignore.

Moi qui aime la vie, j'en suis à me demander si elle, elle m'aime. Une chose est sûre, lui ne m'aime plus.

Vous l'avez deviné, je suis en peine d'amour...

Depuis maintenant 4 mois, qui n'en finissent plus, qui s'étirent et s'étendent sans gêne, je survis. Je laisse passer le temps, puisqu'on le dit médecin: le temps guérit, semble-t-il. L'amour est dur et magnifique, cruel mais généreux, tellement brûlant qu'il glace à la fin. Je me jure d'aimer encore, aussi fort, aussi loin, aussi intensément. Mais plus tard, un autre jour, une autre fois, une autre vie...

En attendant, je vous écris.